Mon fils étant licencié au club de rugby de Monteux, c'est tout naturellement que je suis devenu leur avocat.
C'est dans ce cadre que j'ai eu, cet après-midi, l'occasion de défendre l'un des joueurs de l'équipe première à qui il était reproché des violences qui se seraient perpétré au cours d'un match qui s'était tenu le 15 janvier de cette année contre l'équipe de Villeurbanne.
Les circonstances de cette échauffourée méritent qu'on s'y arrête un instant.
Nous sommes à la 78e minute du match et Monteux mène de trois points. Quelques minutes auparavant, le buteur de l'équipe de Villeurbanne avait été remplacé par un autre joueur de champ.
C'est à cet instant que l'arbitre va siffler une pénalité au profit de Villeurbanne, qui décide de tenter cette dernière. Contre toute attente, le buteur de l'équipe de Villeurbanne qui n'étaient pourtant plus un joueur de champ rentre sur le terrain pour taper la pénalité. Malgré l'intervention du capitaine de l'équipe de Monteux, l'arbitre laisse faire et le buteur réussi la pénalité, égalisant contre Monteux à la dernière minute.
Inutile de vous indiquer quelle ambiance va s'en suivre…
Les joueurs de Villeurbanne vont narguer leurs collègues de Monteux et une bagarre générale va alors éclater. Cela signifie que 20 joueurs de Monteux vont se battre contre 20 joueurs de Villeurbanne. L'un des joueurs de Villeurbanne aura l'idée d'aller déposer plainte contre l'un des joueurs de Monteux pour indiquer précisément que c'est lui qui lui a porté des coûts.
Le joueur de Monteux va être entendu par les services de gendarmerie et confirmera avoir participé à une bagarre générale dans lequel il a lui aussi reçu des coups puisqu’à la sortie des vestiaires, il sera immédiatement emmené à l'hôpital pour passer un scanner.
Il est bien évidemment incapable de dire à qui il a porté des coups et de qui il en a reçu.
C'est d'ailleurs ce qui m'a permis d'obtenir la relaxe de ce joueur devant le tribunal cet après-midi, ce dernier considérant qu'il existait un doute qui devait profiter à celui qui était poursuivi.
Le joueur de Monteux n'a pas pu s'empêcher d’indiquer au tribunal qu’il jouait au plus haut niveau depuis plus de 20 ans, qu'il avait reçu un nombre incalculable de coups, et qu'il ne lui est jamais été venu à l'esprit de déposer plainte contre l'un de ses camarades.
En effet, la tradition veut que, le rugby étant un sport viril, lorsque les choses dégénèrent, elles se règlent sur le terrain, ou, mieux encore, lors du repas qui est en général partagé après le match.
Je suis content d'avoir pu obtenir la relaxe de ce garçon qui ne méritait manifestement pas de souffrir une inscription à son casier judiciaire.
Dans une dizaine de jours, l'équipe de Monteux reçoit à nouveau l'équipe de Villeurbanne. Il me tarde de savoir si le joueur qui a déposé plainte fait toujours parti des effectifs…