J'ai déjà eu l'occasion d'écrire sur ce sujet. C'est à mon sens un phénomène de société émergeant qui modifiera de manière notable nos habitudes de vie. J'ai pu, à l'occasion d'un procès, mesurer l'importance que pouvait revêtir une telle disposition pour un jeune père. Je reçois, il y a quelques semaines, un jeune homme dévasté d'apprendre que son épouse ne l'aimait plus et souhaitait le quitter. Il s'était marié il y a une dizaine d'années et avait eu deux enfants. Il était dans l'incompréhension la plus totale, car il aimait toujours son épouse,et ne comprenaient pas que ce sentiment ne soit plus partagé. Mais plus que tout, sa préoccupation première consistait à pouvoir toujours assumer son rôle de père. Plus exactement, il m'expliquait à quel point il était viscéralement attaché à ses enfants et n'imaginait même pas ne les voir qu'un week-end sur deux ou la moitié des vacances scolaires. Malgré mes conseils, il s'est à mon avis maladroitement comporté avec son épouse, tentant par des discussions sans fin de la faire revenir sur sa décision, générant chez cette dernière plus de frayeur que de raison. Il lui faudra je pense encore quelque temps avant d'accepter l'idée que son épouse ne l'aime plus. Dans ce contexte, il a été difficile d'envisager que les parents s'entendent pour mettre au point de manière conjointe une résidence alternée. L'épouse a déposé une requête en divorce en sollicitant que la résidence principale des enfants soit fixée chez elle et que le père bénéficie d'un droit de visite et d'hébergement classique. Nous avons plaidé cette affaire il y a quelques jours, je me suis opposé à la demande formulée par l'épouse, sollicitant pour ce jeune père une résidence alternée lui permettant de conserver à la fois un lien avec ses enfants mais aussi une présence effective dans leur éducation. Mon adversaire, pour s'opposer à ma demande, a fait état du fait qu' il considérait que les résidences alternées ne pouvaient être ordonnées qu'à la condition que les parents soient tous les deux d'accord sur cette modalité. Je ne partage pas cet avis. Plus exactement, je considère que des parents devraient, dans l'intérêt supérieur de leur enfant, toujours être en mesure de s'entendre pour mettre en place ce qui est le mieux pour ces derniers. Je ne dis pas que la résidence alternée doit toujours être la règle, mais il semble que s'il n'y a pas de difficultés particulières, c'est le meilleur moyen de faire en sorte que les enfants puissent bénéficier de l'apport que représente à la fois leur mère mais aussi leur père. C'est ce que j'ai plaidé dans l'intérêt de ce jeune homme et J'ose espérer que j'aurais été entendu par le magistrat.
Justice pour tous ?