Une fois de plus, j'ai accompagné cet après-midi une toute jeune fille de 14 ans dans le cabinet d'un juge d'instruction.
Elle était convoquée pour y être confrontée avec ses deux présumés agresseurs.
Elle est en effet collégienne et a expliqué qu'un après-midi, elle avait été invitée à suivre deux de ses camarades de collège, dont un pour lequel elle avait une certaine inclinaison.
Caroline fait partie de ces jeunes filles qui ne savent pas véritablement dire non. Elle est particulièrement suggestible, et vit toujours dans l'inquiétude. Elle n'a évidemment pas vu le mal dans cette invitation et elle a suivi en toute confiance ces deux jeunes garçons.
Une fois qu'ils se sont retrouvés seuls aux abords du stade, ils ont abusé de cette jeune fille. Certes ils ne l'ont pas contrainte par la force, les mots ont suffi.
Comme ces jeunes gens niaient même le fait d'avoir été avec elle sur ces lieux, une confrontation était donc organisée chez le juge d'instruction.
Les deux jeunes ont, en quelque sorte, accordé leurs violons, et ont fini par expliquer qu'ils étaient bien présents sur les lieux et qu'ils avaient bien été avec Caroline aux abords du stade.
Mais, retournant la situation comme ils en ont l'habitude, ils ont indiqué que c'est en fait Caroline qui avait sollicité leurs faveurs, ce qu'ils avaient évidemment farouchement refusé.
Petit à petit, je voyais se dessiner dans le regard de Caroline le plus parfait désarroi.
Elle n'est pas équipée pour supporter ni comprendre le mensonge. Comme je l'avais prévenu, elle a pu comprendre l'attitude qui devait être la sienne. Plus exactement, elle a réussi à soutenir ses déclarations et les accusations qu'elle portait à l'encontre de ces deux-là, malgré leur sourire goguenard et leur attitude particulièrement difficile à supporter.
Nous verrons bien ce que le juge d'instruction décidera dans le cadre de cette affaire où, une fois encore, c'est en quelque sorte la parole des uns contre la parole de l'autre.
Il faudrait se poser la question de savoir quelle souffrance représente pour une victime le fait de dénoncer ce qu'elle a subis pour mieux comprendre que même s'il s'agit de la parole de l'un contre la parole des autres, il existe manifestement une parole dont le poids de la souffrance la rend plus plausible, plus vraisemblable.
J'espère que Caroline ne fera pas partie de ces laissés-pour-compte par la justice qui, pour éviter des dossiers trop compliqués, préfère prononcer des non-lieux.